Lectures de Coquillette
Judas, Astrid Holleeder
Ceci est une histoire vrai!
« Pendant ce temps, je continuais à faire ce que j'avais toujours fait pour ma famille : protéger de s colère ceux qui ne répondaient pas aux exigences de Wim »
A chaque page, on constate le calvaire d'Astrid.
Dès l'enfance avec un père ultra violent qui donne des coups à chacun de ses quatre enfants et à son épouse. Ce père qui faisait en sorte que frère et sœur deviennent ennemis.
Une enfance marquée par la pauvreté aussi. Ils ont pu vivre dans des logements non adaptés et non adaptés à une famille de six.
Puis vient la deuxième phase d'horreur. Quand son frère aîné, Wim prend en otage Freddy Heineken (oui, c'était le gérant de la bière Heineken), il devient alors un bourreau pour sa famille.
A l'image de son père, il est violent et contrôlant. Chacun de ses frères et sœurs ainsi que sa mère doivent lui obéir sans protester. Ils sont mêlés contre leur gré à à des actions criminelles. Et ils obéissent par peur, car la sanction peut être la mort.
Jusqu'au jour où née une graine de révolte chez Astrid qui commence à penser que témoigner contre son frère peut être une bonne idée. Et elle décide de se lancer risquant ainsi sa vie.
J'ai trouvé ce roman un long, l'histoire est intéressante, les dialogues m'ont beaucoup plu, mais j'ai eu des moments où je voulais sauter des pages ou même arrêter ma lecture. Je comprends que ce qu'elle vivait était redondant, mais ça l'était trop pour moi.
Malgré tout, je n'ai pas passé un moment horrible, j'ai apprécié les dialogues, ils nous font comprendre toute la complexité de la communication dans cette famille, et les dialogues entre Astrid et Wim sont exceptionnel. Il est insupportable et violant et ça transpire la bêtise. La façon dont il pense, donne l'impression qu'il se prend pour Dieu.
On a aussi beaucoup de compassion pour Astrid et Sonja (autre sœur de Wim) et leur maman ainsi que d'autres personnages.
Donc, pour conclure, l'histoire est réellement intéressante, les dialogues sont excellents et on s'attache facilement aux personnages, mais c'était trop long!
The Life of Chuck, Stephen King
Livre lu en anglais.
Attention spoilers ! (mais allez lire le livre!)
« Everything you see. Everything you know. The world, Chucky. Planes in the sky, manhole covers in the street. Every year you live, that world inside your head will get bigger and brighter, more detailed and complex. Do you understand ? »
Alors comment parler de ce livre ? C'est l'histoire de Chuck. Chuck qui meurt avec tout l'univers qui s'est développé en lui au cours de sa vie. Car quand un humain meurt, c'est tout un univers qui meurt avec lui. C'est l'histoire de Chuck, Chuck qui vit alors qu'il sait qu'il va mourir.
Le premier acte se concentre sur l'univers qui se meurt et toutes les personnes qui sont sur le point de disparaître avec celui-ci. On assiste à leurs réactions et leurs sentiments face à cette fin qu'ils ne peuvent éviter. Il y a aussi des passages sur la fin de vie puis la mort de Chuck.
Le second acte, c'est Chuck qui vit alors qu'il sait qu'il va mourir. Il s'arrête, écoute de la musique, il ne sait pas pourquoi. Mais il le fait. Il s'arrête, danse sur cette musique, il ne sait pas pourquoi. Mais il le fait, il sait qu'il va mourir alors il a choisi de vivre.
Le troisième acte est celui de son enfance. Ses parents qui sont morts alors qu'il était tout jeune et qu'il n'a même pas pu connaître sa petite sœur. Sa grand-mère qui lui a appris à danser. De son grand-père qui buvait parfois un peu trop pour oublier. De cette porte mystérieuse qui lui était interdit d'ouvrir. De cette attente. Attente de quoi ? Et puis de cette porte qu'il finit tout de même par ouvrir pour y découvrir sa terrible vérité.
Ce livre est magnifique, je ne savais même pas quelle citation choisir. C'est une ode à la vie, c'est une déclaration de ô combien on est petit et ô combien on est multitude. On prend le deuil à l'envers pour profiter de chaque moment précieux avant la mort inévitable. Allez le lire !
Et merci Chuck pour ces 39 ans !
La Petite Maison dans la Prairie Livre 1, Laura Ingalls Wilder
« Laura comprenait ce qu'il voulait dire. Elle aimait cet endroit, elle aussi. Elle aimait l'immensité du ciel, les vents, les plaines dont on ne voyait pas la fin. Tout y était neuf, propre, démesuré, splendide. »
Laura et sa famille s'intallent dans l'Ouest Américain, en Terre Indienne, après que Charles, le père, ait entendu que le gouvernement ordonnait aux indiens de s'intaller plus au Sud.
On suit donc l'installation de cette famille, les Ingalls. Charles et ses voisins construisent le foyer. Caroline, la mère, s'occupe des travaux domestiques. On accompagne Laura, sa grande sœur, Marie et sa petite sœur Carrie dans leur quotidien.
Ils vont rencontrer plusieurs peripéties : santé, climat, animaux sauvages... Et on se guider volontiers dans celles-ci.
La plume est belle et facile à lire, je tiens cependant à préciser que j'ai lu une version traduite en français.
Bien que rédigée par Laura Ingalls Wilder elle-même, le récit est bizarement à la troisième personne ce qui est un peu perturbant au début mais qui très vite ne devient plus gênant. On adopte le point de vue de Laura donc, une petite fille de 3 ans au début du roman. C'est une petite fille sage bien qu'évidemment mais on sent malgrè tout l'enfant de trois ans qui existe derrière cette surface (« Peut-être Marie se sentait-elle, en son for intérieur, douce et gentille, mais, ce n'était pas le cas pour Laura. Une fois, elle jeta un coup d'oeil à Marie et eut envie de lui donner une tape »).
Il y a dans ce livre un racisme, à l'encontre des peuples amérindiens, très présent chez les personnages, à recontextualiser avec l'époque, les années 1870 (« Le Ciel nous est témoin que ces gens-là ne feraient rien tout seuls de ce pays ! Ils ne savent qu'y rôder, comme des bêtes sauvages. »)
C'est un récit tout doux sans aucun moment insurmontable. Et c'est bien normal ! Même s'il s'agit d'un récit autobiographique, c'est avant tout un livre jeunesse car je cite Laura Ingalls Wilder « Je n'ai dit que la vérité mais pas toute la vérité. Je voudrais raconter certaines histoires mais cela n'aurait pas été raisonnable de les mettre dans un livre pour enfants même si je les ai moi-même vécues étant enfant. »
Pour conclure, je dirais que je suis heureuse de découvrir cette histoire même si tardivement. Et je serai ravie de lire les sept autres tomes de la saga et également de visionner la série. Mais pas tous à la suite, j'ai quand même besoin d'un peu plus d'action de temps en temps !
A retardement, Franck Thilliez
« Si ça vient d'un fou, tout prend soudain du sens, même si on n'a aucune explication, au final. Et puis le fou, c'est pas nous, nous on est « normaux », on pourrait pas faire ça... Les fous, c'est les autres. »
« Le châtiment ne peut se concevoir sans libre arbitre »
Dans une Unité pour Malades Difficiles (UMD) de Chambly, un homme qui a agressé sans raison un passant est accueilli. On ignore tout de lui, jusqu'à son identité. Cette homme délirant, fuyant des vers, va être suivi par la psychiatre Éléonore Hourdel.
Pendant ce temps en Seine-Saint-Denis, un homme est retrouvé, assassiné à coup de tournevis. Chez lui aucun ADN n'est retrouvé, pas même le sien. Sharko et son équipe mènent l'enquête.
Qui sont ces deux hommes ? Quel lien les unis ?
C'est ce que l'on va découvrir au sein de cette enquête qui ne nous laisse pas respirer un instant. On est porté par l'histoire, entrainé par les péripéties.
Je ne sais pas si c'est parce que je lis TOUS les romans de Franck Thilliez ou non, mais j'ai vu pas mal de ficelles, avec la satisfaction de doubler les flics (qui sont tous attachants évidemment) mais la (petite) déception de ne pas être trop surprise.
La psychologie des personnages est très travaillée, on découvre une certaine maladie et l'enfer que vivent les patients qui en souffre et on développe une certaine empathie pour ceux-ci.
L'auteur retranscrit l'univers d'une UMD, ayant passé plusieurs jours aux côtés de soignants dans un de ces établissements. Il y a également proposé au patients des ateliers d'écriture.
J'ai passé un excellent moment au côté de Sharko, Lucie, Nicolas et (peut-être) une petite nouvelle dans la saga ?
Je recommande ce livre mais suis-je objective ?
Des gens bien, Caroline Michel
Joshua a neuf ans et toujours pas de parents, ou du moins il n'en a plus. Ses précédents parents l'on rendu. Il va pour la première fois participer à un défilé pour tenter de séduire ses futurs parents.
Dans le système infernal du "rehoming" américain, on suis Joshua, ses compagnons d'infortune, les parents capricieux et indécis et tout les adultes compliqués et maladroits. Ils cherchent tous, enfants et adultes, à travers l'adoption l'éradication de leurs problèmes et l'accès à une vie meilleure, faite de rire et d'amour.
On entre dans les pensées de chaque protagonistes qui nous partage ses désirs, ses émotions, ses hésitations, ses blessures...
Malgré l'horreur des actions des adultes on comprend comment embarqués dans le système du "rehoming", ils pensent agir pour le mieux et sans conséquence pour les enfants, car à près tout si c'est permis, c'est que ça ne fait pas de mal, non?
Et puis il y a les enfants qui subissent ce système inhumain qui espère toujours trouver LES parents qui ne les abandonneront jamais, qui se calque aux désirs des adultes en espérant qu'en collant à tous leurs idéaux ils pourront rester, ils pourront être aimé.
La plume de l'autrice est douce et agréable. On plonge facilement dans les histoires de ces personnages et on ne lâche pas le roman jusqu'à la dernière page.
Cette lecture est agréable et je la conseille pour tous ceux qui aiment les personnages aux psychologies bien construites.